TRAIL : JOHAN BOCHER CONFIRME SA FORME AU BRETAGNE ULTRA TRAIL – 112 KM

Une courte nuit, beaucoup de pluie et des souvenirs pour la vie …

Du Blavet jusqu’au Scorff, pour rejoindre l’Ellé avec ses remarquables Roches du diable et enfin rejoindre la Laïta via la forêt de Toulfoën, le BUT 112 km est un des meilleurs condensés de Bretagne qui soit ! 

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Le réveil sonne à 3h tapante, je suis hyper reposé et serein après avoir réussi à dormir 5 heures quand même ! Direction Quistinic à 40 minutes de route de Guidel, déjà dans ma course depuis la veille … 

Le départ est donné à 5h01 du village ancestral de Poul Fétan bordé par le Blavet, et nous sommes déjà trempés par un rude crachin Made in BZH, qui ne nous lâchera qu’en milieu de matinée. 

Pour ma part cela est anecdotique car ce crachin frais m’a été utile pour ne pas monter en température et toujours courir en montée. Quand à l’état du terrain détrempé, mes pieds ainsi que mes chevilles et mes cuisses étaient prêts à dupliquer la puissance dans les appuis.

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Allez… Ca fait pipi partout sauf aux toilettes et ça sent la baume du Tigre on est au bon endroit ! 

« 5,4,3,2,1  Prenez du plaisiiiiiiiiiiir !!! «  dit le speaker ! 30 secondes plus tard un cafouillage ubuesque fait déjà basculer la course : les premiers se retrouvent derniers ou quasiment, on a loupé le chemin pour sortir du site mais on a fait un joli rond visible depuis l’espace !!! 

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Résultat net, le concert de Rihanna au Zoo de Pont-Scorff peut commencer : ça saute les murs, ça se bouscule, ça hurle à profusion, pour un départ des plus surprenants qui soit !!!

Je garde mon sang-froid et décide de ne pas partir au sprint pour regagner ma place à l’avant. Je réalise le segment le plus lent de toute ma course sur les 5 premiers kilomètres, confiné au cœur du peloton ; il était trop dangereux de doubler dans les étroits chemins de Quistinic transformés en bourbier par la pluie tombant depuis la veille ; mais qu’importe, je me sens si bien dans cette nuit noire tant attendue que je ne souhaite pas gâcher la fête en remontant le peloton à grands coups de coudes.

Plouay, le Scorff et Roches du Diable : la course se révèle

Le jour se lève rapidement au bout de 2 heures de course, il me sort de mon quasi-sommeil à l’approche de Calan. Je n’ai presque aucun souvenir de cette première partie de course. Tout le monde est concentré il n’y a pas un mot, cette première portion est détrempée, les nombreuses passerelles en bois sont glissantes à souhait, je suis déjà tout seul depuis 1 heure. Ce sera le cas sur l’intégralité de la course où je ne ferai que remonter des coureurs du 112 km et du 59 km.

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Après avoir quitté le ravitaillement de Plouay au km 31 où me ravitaillent les copains du club, je navigue quelques kilomètres dans un groupe de 5 pour apprivoiser le Scorff via les sentiers de la TVS. J’arrive seul au point d’eau km 48, en haut de la plus grande montée de la course, on m’annonce « c’est pas du joli devant », la course fait ses premières victimes. c’est à ce moment là que je vis un gros temps fort jusqu’à Locunolé, en passant par des portions très reculées à Guilligomarc’h et les Roches du diable que je dévale en descente comme montée ! La révolte intérieure commence.

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J’arrive à la base-vie de Locunolé km 61 hyper frais et à grandes enjambées ; Gilles Diehl m’accueille à l’entrée du stade, je sais à ce moment là que je vais recevoir des conseils précieux pour lancer en beauté la course qui commence désormais. Je repars changé, sec, et motivé à souhait par l’équipe. Pas question de rester faire de la trottinette avec mon Louën sur le terrain de foot.

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Vers Quimperlé, en mode Pacman

Je progresse jusqu’à Quimperlé sans penser à après. Les chemins sont labourés par les coureurs du 59 km que je commence à dépasser vers le km 65. Je me mets en mode Pacman car c’est quelque chose qui me motive beaucoup avec des jambes qui sont encore légères à ce stade. Les chemins de Tréméven sont très joueurs mais moi aussi, les vues sur la vallée de l’Ellé me plaisent énormément, j’y retournerai à l’entraînement sans aucun doute ! 

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Je me ravitaille en express à Quimperlé km 82 avec Marianne d’où je repars léger en victuailles. C’était la technique envisagée pour prendre une pause plus longue à L’abbaye de Saint-Maurice. Mon mental est encore très bon donc je suis le plan que j’avais projeté, sans réfléchir surtout ! Les temps-morts sont un véritable piège, il faut enchaîner au maximum si l’état physique le permet.

Toulfoën, la lutte « mentale » commence

Mais l’entrée dans la forêt de Toulfoën est compliquée : ça y est, il est l’heure de se battre, et il me reste 30 km à faire sans mollir ! Le terrain est impraticable car les 3 courses sont passées dessus et c’est le moment pour moi d’utiliser mon mental. Je pense aux rudes semaines d’entraînement qui m’ont mené ici ou encore au festin que je vais avaler le soir même. Mais surtout aux personnes qui m’attendent au prochain ravitaillement et à l’arrivée : « tout ça se trouve juste au bout du chemin » !

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Après avoir passé quelques coureurs du 112 km dans cette merveilleuse forêt, j’arrive sur mon dernier ravitaillement au Pont Saint-Maurice km 97 à toute allure vers les 14h40. Je sais que je suis bien placé au classement vu la qualité des clients rencontrés (dont Mathieu LG). Là on est chez moi ! Je joue à domicile devant mon public (les arbres), Guidel est de l’autre côté de la magnifique Laïta et ses chemins si durs à apprivoiser même en temps normal. Gilles Diehl me tient par le bras et me briefe sur la fin de course à réaliser, je fais le plein et repars finalement sans traîner car j’ai 2 poursuivants qui arrivent se ravitailler mais j’ai les jambes assez raides…

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Un finish de guerrier, emmené par les copains

La descente de la Laïta se fait au train d’un coureur du 59km avec qui ont fait des relais jusqu’au Pouldu où Julien LN m’attend de pied ferme km 104 pour me faire sauter la caisse sur les 9 derniers. À ma demande, il accélère, « encore », puis « encore », je suis en légère dette d’oxygène mais nous sommes encore suivis par Nicolas G. qui arrive désormais à notre niveau tout sourire le coquin.

« Vas-y, mets toi à 3 mètres devant et fonce », il n’en fallait pas plus à Julien pour comprendre que je voulais me battre pour ce top 10 presque acquis. On met une mine énorme pour un finish sur les sentiers escarpés du GR avalés à 12 kmh sur les 4 derniers km; Je suffoque mais Julien me hurle dessus avec les bons mots. C’est un souvenir inoubliable pour moi.

« Dis moi que c’est là stp », et oui c’était là, juste derrière la petite maison en haut de la falaise après une dernière plage, je vois Romain D pour une grande tape dans la main et je l’entends glisser « top 10 » à Julien. Les frérots Le Palabe présents depuis le matin sont aussi en place ! 

Mes lièvres me laissent partir pour profiter d’un moment gravé, je revis toute ma course sur ces 200 derniers mètres : je suis épuisé physiquement et éprouvé mentalement par ces derniers kilomètres de châsse, mais je suis fier et je suis heureux !!

Une « victoire » en bande organisée, composée des précieux copains du club qui se sont levés tôt, de ma femme Marianne qui me connaît par cœur, et de moi-même qui devait simplement courir, boire, manger en gérant la quantité de transpiration pour ne pas de me déshydrater et devoir marcher.

Je passe la ligne en 11h12 de course ! Pour ceux qui me le demandaient avant, oui, je visais moins de 11h00 mais c’était sans compter les conditions météo rendant les chemins impraticables et qui obligeront plus d’un tiers des concurrents à abandonner.

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Pour avoir déjà remporté un trail de 70km et établir régulièrement des bons classements sur toutes les distances, ce BUT 112km est ma course la plus aboutie à tous les égards, considérant en plus que les conditions ne favorisaient à aucun moment une bonne performance !

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Je me suis renseigné sur les chronos réalisés lors des 3 dernières années depuis que le BUT fait 112 km; ainsi que sur la densité de coureurs très performants cette année plus particulièrement, et je peux penser que cela augure forcément de bonnes choses sur les courses à venir.