Johan, comment analysez-vous votre performance ?
J’ai passé la ligne d’arrivée au bout de 10h54 d’effort et quasiment 109 km parcourus pour rejoindre Vannes depuis Sarzeau, après une traversée magique à l’embouchure du golfe en semi-rigide.
Le golfe du Morbihan est un terrain piégeux car assez plat, où l’on alterne des parties plutôt techniques en racines, de plages, de champs mais également de portions de routes où il faut aller vite pour améliorer la vitesse moyenne.
Aucun répit sur ce type de profil de course ! Il faut toujours courir au risque de devoir passer de trop longues heures de marche et de devoir abandonner l’épreuve. (Contrairement aux épreuves montagneuses où l’on peut reposer son cardio et ne pas solliciter certains muscles en fonction des ascensions et descentes.)
Même si je visais 1 heure de moins comme la plupart des concurrents, j’ai réalisé une course au meilleur de moi-même dans des conditions chaudes et sans acclimatation préalable. Parfois plus de 30 degrés ressentis entre 13h et 18h.
Dans quel état physique étiez-vous ?
Pour performer en ultra, il faut se connaître par cœur ! On a dû ajuster la vitesse course en raison de la chaleur pour maîtriser la dérive cardiaque, tout en continuant de s’alimenter afin de faire varier sa glycémie en course. L’hydratation est aussi très importante durant l’épreuve, mais l’excès d’eau peut amener à des troubles digestifs !
C’est un véritable château de carte que l’on construit à l’avancement ! Je ne parle pas de la gestion du sommeil sur certaines épreuves de nuit ou encore des blessures qui peuvent compliquer les événements.
J’ai été frappé par la concentration des coureurs. J’ai couru des heures entières avec des désormais copains, partageant au mieux un petit « ça va ? » toutes les 10 minutes, il ne faut pas se disperser et rester concentré sur sa propre course. On passe aussi beaucoup de temps tout seul plus la course avance, les écarts grandissant.
« Il n’y a aucun exploit dans tout ça, uniquement de la gestion pendant l’épreuve« ,
une toute petite part de chance le jour J, et surtout de la préparation physique et mentale ! C’est un véritable projet familial car on sacrifie son temps à l’entraînement pour une récompense finale : l’épreuve et tout ce qu’elle apporte en bonheur et accomplissement une fois terminée – pour le coureur et sa famille. Sans l’approbation des proches, pas d’entraînements une à deux fois par jour, pas d’hygiène de vie quasi-parfaite, pas d’ultra.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir sera la ligne d’arrivée passée avec mon fils Louën, 2 ans et demi, (qui a déjà bien l’habitude des compétitions) qui m’a sauté dans les bras après mes 109km, j’ai pris le temps de marcher les 50 derniers mètres vraiment lentement pour savourer chaque pas avec lui, en lui parlant de la course avant d’aller chercher ma récompense de FINISHER. On sentait la fierté envers son papa et ça m’a touché profondément.